« La conjuration des imbéciles » de John Kennedy Toole
Par Farzad FARID
- 3 minutes de lecture - 439 motsVoici un livre avec une drôle d’histoire, en plus d’être lui-même une histoire drôle.
Déjà, c’est un livre qui appartient à ma femme, qui l’a acheté il y a longtemps, mais ne l’a pas encore lu elle-même. Il a trainé pendant des années dans un carton comme ceux-ci avant notre déménagement, puis encore quelques années avant qu’on aménage notre bibliothèque.
Il aurait pu rester sagement rangé dans la bibliothèque encore quelques années, si le hasard ne me l’avait pas fait découvrir, d’abord à la radio…
Il se trouve que Guillaume Gallienne en a fait une lecture il y a quelques années dans l’émission « Ça peut pas faire de mal » sur France Inter à l’époque où je l’écoutais. D’habitude j’écoute sa récitation des textes d’une oreille distraite, mais cette fois ci l’action était tellement bizarre et les dialogues tellement décalés, que j’ai écouté plus attentivement… Rien que le titre, « La conjuration des imbéciles », a attiré ma curiosité. Et finalement Guillaume Gallienne m’a vraiment donné envie de le lire !
Et c’est donc en aménageant la bibliothèque que je découvre que nous avons ce livre. Gros livre, histoire étonnante en dos de couverture, une bonne lecture pour les vacances d’été me suis-je dit.
Je l’ai donc emmené en vacances, je l’ai lu, je l’ai même dévoré, et j’ai adoré ! C’est très très drôle et heureusement très bien traduit.
L’ironie est que l’auteur s’est suicidé car il n’arrivait pas à faire publier son livre et il pensait être un raté… Sa mère s’est battue des années, le livre a été publié et a emporté le prix Pulitzer.
L’intrigue est étrange : une sorte d’étudiant éternel, gros et assez repoussant par sa dégaine, sa voix et son attitude, inadapté à la société et au monde du travail, un Tanguy qui vit encore chez sa mère qu’il vampirise et épuise, se débat contre le monde qui l’entoure, contre la réalité, pour montrer que lui est un homme sensé, intelligent et raffiné, et que le monde entier, corrompu, bête et sale, se trompe.
Pour couronner le tout, il s’exprime dans un langage châtié qui semble sortir d’un vieux livre, avec un vocabulaire très riche donnant l’apparence d’une grande intelligence, alors que nous savons que c’est un idiot, un parasite, un homme inadapté à la société, n’est-ce pas ?
Mais… est-ce vraiment lui l’imbécile ? N’a-t-il pas finalement raison, seul contre tous ? La lecture de ce roman extraordinaire vous apportera la réponse, ou pas !
C’est vraiment un roman exceptionnel comme on en lit peu dans sa vie. Le terme de chef d’œuvre n’est pas démérité. Je le recommande vivement.