« L’arabe du futur » de Riad Sattouf
Par Farzad FARID
- 3 minutes de lecture - 549 motsJ’ai enfin lu l’année dernière le tome 1 de L’arabe du futur de Riad Sattouf, histoire de sa jeunesse en Libye et Syrie.
« Enfin » car, comme beaucoup de livres et bandes dessinées je les achète souvent en masse, lors de razzia dans une librairie ou, quand on habitait près de la Porte de Versailles, au Salon du Livre dont ma femme et moi ramenions 5 à 10 kg de livres… Et malheureusement je n’ai pas le temps de tout lire après l’achat et même, très souvent, je ne me sens pas prêt pour lire certains livres ou certaines bandes dessinées. L’arabe du futur a fait longtemps partie de cette seconde catégorie, il a fallu longtemps avant qu’il me dise « lis moi » quand je le regardais :)
Et quand je me suis senti enfin prêt, je l’ai dévoré ! C’est très drôle, très bien rendu, même si les anecdotes racontées sur ces 2 pays, Syrie et Libye, sont souvent atterrantes et m’ont laissé bouche bée.
Je ne sais pas si Riad Sattouf a beaucoup romancé les anecdotes, il l’a fait clairement dans les « Cahiers d’Esther » dont je parlerai un jour, mais on peut se poser la question tellement il peut paraître surprenant qu’autant d’événements arrivent à une seule famille… Mais tous sont crédibles d’après moi.
C’est cette abondance d’anecdotes qui a fait dire à un de mes collègues :
Je n’ai pas trop aimé, je trouve que Sattouf tourne toujours autour des mêmes blagues et des mêmes sujets.
Néanmoins il décrit effectivement des comportements ahurissants.
Du coup je n’ai pas acheté le tome 2.
D’autres collègues ont aussi trouvé qu’il y avait trop de négatif dans cette BD et n’ont pas lu la suite.
Ce qui m’a marqué dans cette bande dessinée est le mensonge et la violence de la société arabe décrite par l’auteur.
À commencer par son père qui ment tout le temps, avec beaucoup de naturel, à son entourage. Il semble aussi se mentir à lui-même sur l’état de son pays natal, la Syrie, qu’il idéalise. Tout le monde ment : pour cacher, pour se protéger, pour faire du mal, pour spolier les biens de son propre frère…
Étant d’origine iranienne, je reconnais cette culture du mensonge moyen-orientale… C’est pour ça que je pense que l’auteur n’exagère pas. En Iran cependant, qui est d’une culture qui promeut une plus grande douceur de vie que la culture arabe, c’est plutôt un mensonge de politesse (« Tu viens chez moi quand tu veux ! » … en fait non, je t’aime bien mais ne sonne pas chez moi à l’improviste).
Quant à la violence, elle est présente non seulement dans les relations entre adultes, mais aussi dans l’école et les jeux des enfants. C’est choquant mais guère surprenant dans ces pays et cette culture basée sur le machisme et le rapport de force.
Heureusement l’humour et le dessin de Riad Sattouf adoucissent cette violence en la rendant comique, sinon ce serait indigeste. On remarquera aussi qu’il y a une couleur dominante par pays (je triche, je ne les avais pas tous remarquées) :
- bleu pour la France
- rose pour la Syrie
- jaune pour la Libye
- vert pour Guernesey
- rouge pour la fiction
Personnellement j’ai adoré cette BD et j’ai aussi dévoré les suites.