« Leonard2Vinci » de Stéphane Levallois
Par Farzad FARID
- 3 minutes de lecture - 635 motsMa lecture de ce week-end est encore une étrange bande dessinée assez contemplative : « LEONARD2VINCI » de Stéphane Levallois.
Ce n’est plus tellement surprenant une fois que l’on a vu que c’est un livre co-édité par le Louvre. Il s’agit d’une œuvre de commande du musée, tout comme ce livre de Jiro Tanigushi, « Les gardiens du Louvre » dont j’ai récemment parlé.
Dans les deux cas il s’agit de bandes dessinées qui ont été produites avant tout pour faire la promotion du Musée du Louvre et de ses œuvres, l’état contemplatif du spectateur n’en est que plus normal 😏 Mais je trouve que cela n’enlève pas d’intérêt à la lecture pour autant.
J’ai évidemment acheté cette BD au Louvre, pendant la superbe exposition temporaire consacrée à l’œuvre de Léonard de Vinci fin 2019, en même temps que l’énorme et magnifique catalogue officiel de l’exposition :
Stéphane Levallois a écrit ici une œuvre de science-fiction qui mêle les tableaux du maître à sa propre vision futuriste. Le mélange est parfois surprenant mais réussi.
L’histoire est celle d’un vaisseau spatial, transportant les derniers rescapés humains en l’an 15000, qui retourne sur ce qui reste de la Terre ravagée, chercher dans les restes du Musée du Louvre des traces d’ADN du génie de la renaissance pour le cloner. Ce clone, Léonard 2, sera conçu pour les aider, par son savoir-faire scientifique et militaire, à combattre et éliminer une armée extra-terrestre qui les pourchasse.
Ça ne tient pas la route ? Ce n’est pas très grave ! Nous sommes là pour rêver et contempler les œuvres. J’imagine qu’avec un scénario plus élaboré, une BD plus longue, cette trame aurait pu être développée pour être plus crédible mais, comme je le disais au début, le but est surtout de mêler les œuvres à une création de bande dessinée de science-fiction moderne.
Le fait que j’aie vu l’exposition peu avant et que je reconnaisse la plupart des tableaux, esquisses et cahiers utilisés dans la BD m’a très certainement rendu sa lecture plus compréhensible.
Je pense en effet que sans une connaissance préalable de l’œuvre de Vinci, le mélange des genres, les visages caricaturaux dans un décor de SF, les poses étranges, semblent tous incongrus au lecteur non averti.
C’est donc avec amusement que je reconnaissais les références dans la BD, comme un clin d’œil, et j’y ai pris énormément de plaisir.
Comme ici, dans cette planche, le personnage au visage si moderne, case 4 :
N’est autre que celui de cette esquisse que j’ai photographiée au Louvre tellement j’ai trouvé le visage beau :
Ce qui m’a un peu surpris au début, mais que j’ai accepté comme un hommage par la suite, c’est le fait que l’auteur de la BD n’a pas complété les blancs laissés par Léonard de Vinci. Vinci était connu pour avoir fini très peu d’œuvres, Stéphane Levallois a respecté cette incomplétude alors qu’il aurait pu, ici par exemple, dessiner un crâne ou un casque.
Ici, lorsque Leonard 2 fait l’étalage de sa science militaire :
On reconnait la Cène magistrale (je suis désolé du cadrage, il y avait trop de monde pour se mettre en face…) :
Plus loin, ce « robot » a les traits d’un croquis d’habit militaire :
Et des retours en arrière au XVIème siècle nous font revivre des moments de la vie de l’artiste :
Et ce garçon espiègle à l’angle du mur :
N’est autre que le magnifique Saint Jean-Baptiste :
Il y a donc peu de choses à dire sur l’histoire de cette bande dessinée, il faut surtout contempler, admirer (si on aime comme moi…) les œuvres mêlées de Stéphane Levallois et Léonard de Vinci.
Je recommande cette BD plus aux amateurs du maître de la renaissance qu’à ceux qui chercheraient un beau roman graphique. Ceux-ci seront déçus.